Extrait du livre :

 

Pour traverser le parc, il fallait faire très attention : les vampires pouvaient attaquer à tout moment et les quatre enfants devaient user de mille précautions pour gagner la grotte. Au fur et à mesure qu’ils avançaient, la végétation semblait moins atteinte qu’aux abords immédiats du manoir. Gweg tenait fermement la sacoche magique, grâce à certaines substances qu’elle contenait, ils étaient tous, à présent, totalement invisibles et cela pouvait durer presque une heure.

   — Jamais la traversée du parc ne m’a semblé aussi longue, claironna Driscoll.

    Parle moins fort ! ordonna Gweg, on ne nous voit pas, mais on peut nous entendre et suivre les traces que nous laissons dans l’herbe.

Les quatre enfants arrivèrent enfin en vue de la grotte, les roches luisaient sous les rayons ardents du soleil de cette fin de printemps. La caverne était toujours aussi énigmatique et sa gueule béante et sombre paraissait encore plus effrayante que d’habitude. Quelques instants encore et les enfants redeviendraient visibles. C’est alors qu’un phénomène étrange se produisit : le soleil disparu soudain laissant place à la voûte étoilée d’un ciel nocturne.

— Qu’est-ce qui se passe ? hurla Driscoll.

— Je ne sais pas, répliqua son frère, on a dû quitter notre espace-temps.

— Tu… tu crois qu’on a changé de… enfin d’époque ? demanda Marylou.

     — Je… je ne sais pas, courons, nous ne resterons plus invisibles très longtemps, murmura Gweg.

    Mais pourquoi, puisqu’il fait nuit, répliqua Driscoll dans un souffle.

    N’oublie pas que ce sont des vampires et qu’ils voient clair la nuit, rappela Gweg.

    Espérons qu’il n’y en aura pas dans la grotte, gémit Marylou.

    Je ne pense pas qu’ils aient déjà occupé cette partie du parc. Tout a l’air parfaitement normal.

Ludo entra le premier, immédiatement suivi par les autres. Gweg fermait la marche. Les silhouettes de ses frères et de sa sœur commençaient à réapparaître progressivement. Le garçon, qui pouvait voir dans l’obscurité la plus totale, regarda ses mains, le contour de chacun de ses doigts reprenait lentement forme sous ses yeux. À l’intérieur de la caverne, on n’entendait aucun bruit. Comment aurait-il pu en être autrement d’ailleurs, puisqu’aucun être vivant n’habitait ces lieux. Gweg ne pressentait aucun danger, il ne devait pas y avoir encore de vampires dans cet endroit sinistre. Grâce à ses pouvoirs surnaturels, le jeune garçon parvenait à se diriger dans le noir. Bien sûr, grâce à la magie transmise par le Messager des mondes, il aurait pu « allumer » ses yeux qui éclairaient aussi bien qu’un projecteur, mais c’était trop risqué.

Driscoll trébucha.

    J’ vais finir par me casser la gueule, gémit-il.

    Fais-le en silence, répliqua Ludo d’une voix à peine audible.

Gweg employa ses facultés de télépathe.

« Avançons doucement et en silence, tenez-vous à moi ».

Au bout d’un moment qu’Einstein lui-même aurait été incapable de quantifier, ils arrivèrent à la muraille qui symbolisait la frontière des mondes.

    Je… je ressens un danger, à présent,  murmura soudain le garçon. Un danger imminent ! Ils nous ont repérés, ils arrivent… ils sont presque là.

Il tâtonna fébrilement la paroi, répétant les gestes qu’il connaissait par cœur et qui devaient tous les faire passer de l’autre côté de la roche.

    Trop tard, cria une voix gutturale, vous êtes nos prisonniers. Je suis Zilmos, le prince des vampires et bientôt maître de l’Univers.

Une lumière aveuglante inonda la caverne.

Un adolescent-vampire, aux yeux de cristal, à la chevelure abondante, noire  et brillante, se tenait là, devant eux, les crocs luisants, sous le regard terrifié de Gweg et ses amis.

Ce dernier empoigna la première main qu’il trouva, celle de Ludo, et traversa la roche. Driscoll et Marylou avaient fait de même, mais quelques vampires, adultes ceux-ci, les avaient suivis. L’un d’eux sauta sur Driscoll qui n’eut pas le temps de l’éviter et fut mordu à la gorge.

    Mon Dieu, s’écria-t-il, c’est monstrueux ! Je vais devenir vampire.

Gweg prit l’un des quatre pistolets à rayons lasers qui se trouvaient dans le sac magique et tira sur l’individu qui avait attaqué son frère. Le monstre fut foudroyé sur-le-champ, mais plusieurs autres se ruèrent en direction des enfants.

    Khorlak ! cria Gweg qui se sentit soudain dépassé par les événements.

Une voix très lointaine lui répondit :

    Je suis là Grégory Carley, qu’y a-t-il ?

    Ben, y n’ voit pas c’ qui s’ passe ? grogna Driscoll en frottant son cou ensanglanté.

    Nous sommes attaqués par des vampires, gémit son frère.

Le Messager des mondes pointa son index en direction des assaillants et ces derniers s’effondrèrent aussitôt. Leurs corps se transformèrent en une poudre grisâtre.

    Woaaaaaaaaaaaaaaah ! Génial ! s’exclama Driscoll qui sentait ses canines pousser rapidement sur ses mâchoires. Mais pourquoi, le « vieux » ne raye-t-il pas lui-même tous ces individus de la carte ?

Cette malheureuse intervention du garçon provoqua la colère du Messager des mondes :

    Par mes Grecs ! ce gamin commence à m’exaspérer ! qu’il se débrouille ! Peu m’importe qu’il devienne un vampire, une chauve-souris ou le Yéti lui-même (avec lequel je suis allé à l’école, du reste...)

    Sauvez-le, implora Gweg, je vous en supplie sauvez-le !

Le vieillard hocha nonchalamment la tête.

    Bon… soit ! j’y consens ! mais pour toi, pas pour lui.

    Fardon, murmura Driscoll, gêné par la longueur de ses canines. Ve vous demande Fardon...

De chaudes larmes coulaient sur ses joues. Alors le Messager des mondes illumina le boyau obscur dans lequel les enfants se trouvaient et pointa l’index en direction du garçon.

Rien ne se produisit.

— Je ne peux intervenir, car je suis de l’autre côté de l’Univers, précisa le vieillard, c’est la raison pour laquelle, je semble si lointain… Ce maudit gamin ne présentera aucun danger pour vous, j’ai tout de même réussi à neutraliser les maléfices qui l’habitaient, MAIS je ne peux malheureusement rien faire pour le rendre… intelligent.

— Vous… vous voulez dire qu’il va rester dans cet état ? gémit Gweg.

— Oui, il va rester crétin !

— … mais il va demeurer sous l’apparence d’un vampire ?

— Non, il existe un antidote qui peut lui rendre son ancienne apparence. Ce remède se trouve sur la planète des robots, Éxaliphormède. Personnellement, je le préfère dans l’état où il se trouve actuellement : ça correspond parfaitement à sa personnalité !

Driscoll, désespéré et qui pleurait toujours, se laissa choir sur le sol de la galerie.

Marylou et Ludo essayaient de le consoler comme ils le pouvaient…

 

— Ne t’inquiète pas, reprit Gweg, nous partons immédiatement sur cette planète et, une fois là-bas, nous t’administrerons ce précieux médicament.

 

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