Gweg et le diamant magique

 

Extrait du livre :

 

Les pouvoirs du garçon étaient infinis, mais quelquefois il lui arrivait d’avoir des défaillances en raison du grand âge de la personne qui les lui avait transmis. Khorlak était un vieillard de près de huit cent cinquante mille ans.

Il était mort accidentellement, mais son esprit était bien vivant et  il continuait la tâche de Messager des mondes qui lui incombait depuis la nuit des temps.

Devant les enfants, le chat avançait avec légèreté.

— Khorlak est absent parce qu’il suit une cure de thalassothérapie sur la planète UBON et c’est moi qui suis chargé de veiller sur la quiétude de l’univers en son absence.

— Non, mais, c’est dingue, protesta Driscoll. Je croyais qu’il était physiquement mort.

— Oui, admit le félin, il est physiquement mort, mais un ami lui a prêté un corps pendant les vacances. Alors il se relaxe.

— Dingue, répéta le gamin. « Un ami lui a prêté un corps » ! dingue ! dingue ! dingue !

— Une mission vous attend, reprit le félin. Une mission périlleuse.

— Comme d’hab', coupa Driscoll.

— Laisse-le parler, souffla Gweg agacé.

Le chat reprit :

— Si rien n’est fait, votre planète, la Terre, mais aussi votre galaxie tout entière seront avalées par un gigantesque trou noir.

— Un quoi ? demanda Driscoll.

— Un trou noir… un corps céleste d’une densité telle que même la lumière ne peut s’en échapper, expliqua le chat. Il avale tout ce qui passe dans son champ d’attraction. Celui qui menace votre monde est énorme et se nourrit de toutes les galaxies qui l’entourent. Si on le laisse faire, il absorbera tout ce qui se trouve à sa portée et c’en sera fini de la Terre et de votre galaxie, la Voie lactée.

— Que peut-on faire ? demanda Gweg, nous ne sommes que de pauvres mortels. Même avec les pouvoirs que m’a transmis le Messager des mondes, je ne peux pas me battre contre… contre un trou noir.

— Mais ce n’est pas un trou noir comme les autres, expliqua l’animal. C’est un trou noir qui a été créé à dessein pour anéantir votre monde et les galaxies environnantes.

— Dingue, soupira Driscoll.

— Comment faire ? insista Gweg.

Le chat soupira puis reprit la parole :

— D’abord, sachez que mon nom est Pilou. Khorlak, le Messager des mondes, a écourté ses  vacances dès qu’il a su que les galaxies, dont la Voie lactée, étaient en grand danger ! Mais la planète UBON est très loin de la Terre, de l’autre côté de l’univers, et il lui faut au moins cinquante jours terrestres pour revenir vous aider. C’est la raison pour laquelle il m’a envoyé parmi vous.

— Mais comment faire ? répéta Gweg.

— Il vous faudra aller chercher un diamant…

— Un diamant, répéta Marylou.

— Oui… un diamant… un diamant magique qui, seul, peut vous permettre de lutter à armes égales contre les individus qui ont créé le mystérieux trou noir.

— Mais qui sont-ils ? demanda Ludo.

Pilou hocha sa vaste tête.

— Ça, mon pote, si j’étais dans la confidence… euh… je veux dire : ça mon ami, je n’en sais malheureusement rien pour l’instant, mais je finirai par obtenir des informations à ce sujet. Le diamant magique nous aidera à combattre cette bande de malfaisants.

— Écoute Pilou, je ne me sens pas capable de remplir la mission que tu veux me confier, expliqua Gweg.

— Tu ne veux pas m’aider ? gémit le chat en se laissant choir de surprise. Tu veux laisser ta planète aller à son triste sort ?

— Je n’ai pas dit ça… mais je ne vois pas comment je pourrais arriver à relever ce nouveau défi.

— Je t’aiderai et Khorlak aussi dès qu’il sera revenu.

— Nous aussi nous sommes là, fit remarquer Driscoll en bombant le torse.

— Il nous faut un accessoire que tu as chez toi, précisa le chat en posant son regard clair sur Gweg. Cet accessoire nous aidera à localiser avec exactitude la planète où se trouve le diamant magique.

— Parce que tu ne sais pas sur quelle planète se trouve ce fichu machin ? s’indigna Driscoll.

— Non ! souffla Pilou en triplant de volume de colère. Si c’était si simple, j’aurais réglé ce problème sans votre aide.

— Bon ! bon ! ne te fâche pas… je ne voulais pas te vexer.

— De quel accessoire  as-tu besoin ? demanda Marylou.

— Du petit sac magique que vous avez rapporté de votre première aventure… sur l’île de la peur(1)

— Ah, le sac qui contenait les combinaisons orange et tout le fourbi, répliqua Driscoll.

Le chat agita nerveusement les oreilles : il n’appréciait guère le comportement du garçon.

 

(1)  Voir « Gweg face aux compagnons de la mort »

 

— Oui, vous aurez besoin de certains éléments contenus dans ce sac pour votre long voyage, soupira-t-il après quelques instants de réflexion.

— Je vais le chercher, reprit Driscoll.

— Je t’accompagne, proposa Ludo.

— Allez-y tous les deux, décida Gweg, mais ne traînez pas. Ludo, tu sais où est rangée la sacoche ?

— Oui…

Ils franchirent de nouveau la frontière des mondes et se retrouvèrent au fond de  la grotte, noyée dans les ténèbres.

— On ne voit pas grand-chose, soupira le grand, dommage qu’on ne puisse pas s’éclairer avec nos yeux comme Gweg.

— J’ai mon portable, répondit Ludo, il va nous éclairer un peu.

Ils avancèrent prudemment jusqu’à la sortie de la grotte et constatèrent que la pluie s’était arrêtée. La lune s’était levée et diffusait sa lumière argentée sur les bois environnants. Les oiseaux nocturnes dévoilaient leur présence par de longs et lugubres ululements.  Leurs plaintes sinistres résonnaient d’une bien singulière façon se perdant dans l’obscurité de ce vaste parc boisé.

Une légère brume émanait du sol herbeux faisant naître une angoissante impression de mystère.

— Dépêchons-nous, pressa Ludo.

Une bonne vingtaine de minutes plus tard, les deux garçons aperçurent la massive silhouette du manoir, qui se dessinait devant eux, plus précise au fur et à mesure qu’ils avançaient. Aucune lumière ne brillait aux fenêtres de la vieille demeure.

— Tout le monde dort, râla Driscoll.

— Tu parles, il est deux heures du matin.

Les deux frères pénétrèrent le plus silencieusement possible dans le manoir et se dirigèrent à tâtons vers la chambre qu’ils partageaient avec Grégory. Ludovic chercha la lampe de poche dans le tiroir de la commode sans la trouver.

— En v’là une, cria Driscoll en brandissant une grosse lampe torche.

— C’est bon, mais ne crie pas aussi fort, tu vas réveiller tout le monde.

Le grand, comme à son habitude, haussa les épaules.

« À cette heure-là, pensa-t-il : ils doivent tous roupiller à poings fermés et on peut faire tout le boucan qu’on veut sans réveiller personne ».

Ludo se dirigea vers la grande armoire, celle où Gweg rangeait les choses auxquelles il tenait le plus et, sur la plus haute étagère, il aperçut la fameuse sacoche. Il essaya de l’attraper, mais elle était trop haute. Le garçon prit une chaise et grimpa dessus,  mais celle-ci céda sous son poids. Ludo tomba à la renverse et sa tête alla heurter violemment le chambranle de la porte. Driscoll se précipita vers lui, mais il était trop tard : l’enfant gisait à terre, sans connaissance

 

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